Tous les articles par Geneviève Moreau, Ph.D. Neuropsychologue

Prêt pas prêt, j’y vais !

Le petit dernier a 5 ans et il quittera la garderie sous peu pour aller à la maternelle. C’est une étape cruciale qui forgera l’attitude qu’il adoptera face à l’école. Il vaut donc la peine de l’aider à s’y sentir bien et ainsi favoriser son succès scolaire à venir. Pour ce faire, le parent doit lui-même présenter une attitude positive et avoir confiance en son enfant. Rappelez-vous que les activités qu’il pratique depuis son jeune âge visent d’ailleurs à le préparer à cette grande aventure par la stimulation de son développement moteur, langagier, social, affectif (autonomie/maturité) et par l’acquisition de connaissances. On sait aussi que le succès de l’entrée à l’école est facilité chez les enfants :
• qui ont fréquenté un programme préscolaire de qualité, qui sont plus matures et qui possèdent de bonnes aptitudes générales, comportementales et sociales,
• dont les parents sont sensibles à leurs besoins, qui les exposent à des activités stimulantes et dont la relation de couple est harmonieuse,
• avec qui l’enseignante et les camarades de classe établiront une relation positive.
Cette étape peut toutefois s’avérer plus difficile pour certains. Lorsque des difficultés sont connues avant l’entrée scolaire ou se découvrent après, l’intervention précoce contribue à l’amélioration du pronostic. Il ne faut donc pas hésiter à fournir à l’école tous les documents jugés utiles (compte-rendu de l’éducatrice, plan d’intervention du milieu de garde, rapports d’évaluation et d’intervention) et à collaborer avec l’équipe-école. Il ne faut pas non plus tarder à communiquer ses craintes et ses questionnements quant à la capacité de son enfant à satisfaire les exigences de son milieu scolaire.
Comme parent, nous pouvons aider à faciliter et à rendre plus agréable la transition de la garderie à l’école. Ceci peut se faire de plusieurs façons telles que d’aller jouer dans la cour d’école au cours de l’été, d’entretenir les liens d’amitié de notre enfant, d’adopter des routines qui le sécurisent et de favoriser son autonomie et sa responsabilisation en lui attribuant des tâches à réaliser seul (choix des vêtements, habillement, préparer la collation, faire le lit). On peut aussi lui expliquer le déroulement d’une journée de classe typique, l’impliquer dans le choix de ses effets (attention, ils doivent être adaptés à sa grandeur et à ses habiletés pour qu’il puisse les manipuler seul) et pratiquer avec lui les tâches qu’il aura à accomplir telles que de s’organiser avec son repas (quoi manger en premier, comment ouvrir les contenants) ou de gérer ses vêtements d’hiver. À la fin de l’été, une routine de sommeil devra être instaurée et ajustée au besoin. Elle pourrait être maintenue les fins de semaine, pour un certain temps du moins. Rappelons qu’un enfant reposé et bien alimenté est mieux disposé à communiquer et à être enthousiaste en situation scolaire. Par la suite, l’implication du parent demeure un facteur garant de succès et peut se faire en assistant aux rencontres prévues, en participant aux activités pédagogiques de son enfant, en s’intéressant à ses apprentissages et en partageant au quotidien un moment privilégié pour, par exemple, lui lire une histoire ou jouer avec lui.
Sur ce, faites confiance à votre instinct de parent et aux qualités de votre enfant. Profitez aussi de chaque moment avec lui, le temps passe si rapidement que demain, il sera déjà très grand ! Bon été et, surtout, bonne rentrée à tous !
Références et sources d’informations
Guide pour soutenir une première transition scolaire de qualité (2010), Gouvernement du Québec
Votre enfant entre à la maternelle (2009), Gouvernement du Québec
Préparation à l’école (2009), Encyclopédie sur le développement des jeunes enfants :www.enfant-encyclopedie.com/preparation-lecole

www.prel.qc.ca

 

 

Tic-Toc, Tic-Toc

Jusqu’à 20% des enfants présenteront au moins un tic pouvant apparaître dès le jeune âge ou un peu plus tard. Ces tics peuvent être moteurs (retroussements du nez, clignements des yeux, mouvements de tête…) et/ou sonores (raclements de gorge, reniflements, grognements…). D’autres enfants ont plutôt de petites manies (porter les objets à la bouche, mordiller leurs vêtements, se ronger les ongles, sentir les objets…). Ces comportements ne sont pas dérangeants pour l’enfant, mais le sont parfois pour les autres.
Il faut savoir que les tics comme les manies apparaissent souvent en période de stress (changement de groupe à la garderie, déménagement, fatigue…) et sont exacerbés par l’anxiété. Toutefois, leur origine est génétique et transmise héréditairement. Il convient de les ignorer et d’apaiser les éléments stressants tout en favorisant un sentiment de sécurité. Dans les rares cas où le tic ou la manie s’avérerait problématique, le pédiatre pourrait conseiller la famille ou les diriger vers un professionnel spécialisé.
S’il n’y a généralement aucune raison de s’inquiéter des tics ou des manies chez le jeune enfant, certains comportements qui pourraient s’en apparenter doivent toutefois être signalés puisqu’ils peuvent être signes d’un problème plus sérieux. Les parents devraient consulter s’ils observent chez leur jeune enfant des comportements répétitifs et stéréotypés (battements des mains, roulements des yeux, sautillements…), particulièrement s’ils s’accompagnent d’un retard moteur ou langagier ou d’autres atypies (intérêts restreints et obsessifs, léger accent, regard fuyant, réactions inadéquates, démarche atypique, hypersensibilité…).
Comme parent, nous avons à cœur le développement de notre enfant et il est important de se faire confiance. À l’observation d’un comportement inhabituel, il convient de ne pas s’alarmer et, si jugé nécessaire, de consulter un professionnel de la santé qui pourra mieux nous guider dans nos démarches auprès de notre petit trésor.

Références :
Les Tics: Nouvelles approches (2014). Formation offerte à Montréal, CHU Ste-Justine.
http://naitreetgrandir.com/fr/etape/3-5-ans/comportement/fiche.aspx?doc=bg-naitre-grandir-enfant-tic

Le trouble du spectre de l’autisme, nom compliqué d’un trouble complexe

 

Le trouble du spectre de l’autisme (TSA) est la nouvelle appellation de ce qui était anciennement désigné par les Troubles envahissants du développement (qui incluaient l’autisme et le syndrome d’Asperger). Le TSA est un trouble neurodéveloppemental dont la présentation et le niveau de fonctionnement sont très variables d’un enfant à l’autre. Malgré la diversité de sa présentation, ce trouble affecte systématiquement les habiletés sociales, la communication et le jeu imaginaire. Des atypies sont observées au niveau des intérêts qui sont peu diversifiés et des comportements. Les premiers signes sont généralement observables très tôt, avant les 3 ans. Entre autres, le développement du langage est souvent atypique, l’intégration à un groupe d’enfants peut être difficile, la tolérance aux changements et des transitions est souvent pauvre, des régressions peuvent aussi être observées au niveau des acquis (propreté, autonomie, langage) et le choix de jeux est très restreint et plutôt solitaire. Au niveau comportemental, l’enfant peut paraître trop calme par rapport à ses camarades ou, à l’inverse, être trop réactif par rapport à divers stimuli (bruits, proximité physique, textures…). Les parents et éducatrices notent souvent que l’enfant est différent des autres.

Une intervention précoce est souhaitable, celle-ci ayant un effet direct sur le fonctionnement de l’enfant à court et long terme. Il est fréquent que les parents consultent d’abord en orthophonie vu les atypies langagières ou en psychologie vu les difficultés comportementales. D’autres professionnels peuvent aussi aider au quotidien de ces enfants (psychoéducatrice, ergothérapeute, diététiste…).

Tous les enfants se développent à leur propre rythme, nous le savons bien, et les retards de développement ne sont pas tous indicatifs d’un trouble. Toutefois, lorsque les parents s’inquiètent du développement de leur enfant, le neuropsychologue s’avère être une référence fiable à consulter sans hésitation.

Références

Collège des médecins du Québec et Ordre des psychologues du Québec (2012). Les troubles du spectre de l’autisme, l’évaluation clinique: Lignes directrices, Montréal.

Mon enfant a la bougeotte, est-il hyperactif ?

 

Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est un trouble développemental de mieux en mieux connu. La cause, les symptômes, le diagnostic et le traitement ont d’ailleurs été abondamment étudiés dans les dernières années.

En effet, depuis quelques décennies, les connaissances sur ce sujet se multiplient. Actuellement, on estime qu’environ 5 à 10 enfants sur 100 (1 à 2 sur 20) en sont affectés et présentent les symptômes associés à l’une des trois formes possibles de ce trouble (Inattentif; Impulsif-Hyperactif; Combiné). Ce trouble étant, dans la plupart des cas, d’origine héréditaire, l’un des deux parents est porteur du trouble et l’a transmis à son enfant dans son bagage génétique. L’enfant présentant un TDAH est donc né avec ce trouble et les premiers symptômes apparaissent généralement dès le jeune âge. Toutefois, la plupart du temps, ce trouble n’est identifié que lorsque l’enfant est d’âge scolaire.

Bien que le TDAH ait été longtemps considéré comme un trouble de santé mentale, il s’agit plutôt d’un trouble neurologique impliquant une mauvaise communication des neurones (cellules du système nerveux) dans la région frontale du cerveau. Cette région est en effet responsable de la gestion de l’attention et des conduites. Toutefois, le cerveau n’atteignant sa pleine maturité qu’à la fin de l’adolescence, la maturation neurologique contribue à l’atténuation des symptômes avec l’âge.

Petits, ces enfants sont souvent plus maladroits et agités que les autres ne présentant pas ce trouble. Ils sont parfois plus colériques et impulsifs sans être volontairement méchants. Les parents de ces tout-petits sont régulièrement épuisés et dépassés. De plus, des retards développementaux y sont souvent associés (retards langagiers et/ou moteurs, maladresses sociales et/ou comportementales, retards dans l’acquisition des connaissances de base, etc.).

Une intervention précoce chez les enfants présentant ce trouble est généralement associée à un meilleur pronostic. Cette intervention doit se faire sur plusieurs plans et adresser systématiquement les secteurs problématiques (familial, préscolaire-scolaire, social, développemental, médical, etc.). Outre les traitements pharmacologiques, une guidance parentale est le plus souvent indiquée pour outiller les parents dans la gestion du quotidien de leur enfant. De plus, de saines habitudes de vie contribuent à mieux gérer les symptômes de ce trouble (sommeil, alimentation, activité physique, routine, etc.).

Dans tous les cas, si notre enfant a la bougeotte, il faut d’abord déterminer si ce comportement entraîne un dysfonctionnement dans ses activités de la vie de tous les jours. Si c’est le cas, il faut ensuite en déterminer la cause (stress, réaction à un changement, manque de sommeil, trouble médical, etc.) et si d’autres symptômes s’y associent. Une consultation auprès de son pédiatre et auprès d’un neuropsychologue spécialisé avec cette clientèle peut alors s’avérer pertinente. Toutefois, si ce comportement n’est pas problématique et que l’enfant qui bouge beaucoup fonctionne bien dans ses divers milieux de vie, on peut tout simplement continuer de surveiller son évolution et se rappeler qu’on a toujours intérêt à le faire participer à diverses activités physiques dans un environnement encadrant. Il faut se rappeler que les enfants ont besoin de bouger, peu importe leur âge !

 

Références

Bélanger, S. et autres (2008). Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité, Montréal, Chu de Sainte-Justine.

Monastra, V.J. (2005). Parenting children with ADHD, Washington, American psychological association.

Vincent, A. (2010). Mon cerveau a besoin de lunettes; Vivre avec l’hyperactivité, Montréal, Quebecor.

www.attentiondeficit-info.com

 

Mon enfant et les écrans

Nos enfants sont nés dans l’ère de la technologie à écrans. La télévision, les ordinateurs, les tablettes et compagnie font partie de notre quotidien et leur surutilisation nous préoccupe.

Les directives canadiennes en matière de comportement sédentaire de même que la Société canadienne de pédiatrie recommandent d’éviter l’exposition des enfants de moins de 2 ans aux écrans. Pour les enfants de 2 à 4 ans, cette exposition ne devrait pas dépasser 1 heure par jour et se limiter à 2 heures pour les enfants de 5 ans. Évidemment, on évite d’installer un écran dans la chambre d’un jeune enfant.

La supervision du parent dans le choix du contenu ou de l’activité est nécessaire et une bonne utilisation est possible. Par exemple, le visionnement d’un film peut être considéré comme un bon moment de détente familiale. On peut aussi favoriser l’apprentissage, tout en s’amusant, par le choix d’applications éducatives pour tablettes.

Comme c’est le cas dans la plupart de nos activités de la vie quotidienne, le bon jugement est de mise et les directives doivent être considérées comme un guide plutôt que comme des règles strictes.

En terminant, sachez que nos enfants apprennent d’abord par imitation. Les adultes qui les entourent sont leurs premiers modèles et c’est d’abord ceux-ci qui doivent apprendre à limiter leur consommation d’écrans. Sur ce, bon été !

Références:

Bourcier, Sylvie (2010). L’enfant et les écrans, Montréal, Les Éditions du Chu de Sainte-Justine.

Directives canadiennes en matière de comportement sédentaire: http://www.csep.ca/francais/view.asp?x=804

Des conseils pour limiter le temps d’écran à la maison, Société canadienne de pédiatrie: http://www.soinsdenosenfants.cps.ca/handouts/limiting_screen_time_at_home

Pour un usage approprié de la télé et de l’ordinateur, Naître et Grandir: http://naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/jeux/fiche.aspx?doc=ik-naitre-grandir-usage-judicieux-television-ordinateur-enfant

Le pour et le contre des jeux vidéo, Naître et grandir: http://naitreetgrandir.com/fr/etape/1_3_ans/jeux/fiche.aspx?doc=bg-naitre-grandir-jeux-video-ordinateur